Deuxième Chapitre : "Je vais te montrer un secret ..."

Monsieur et Madame Kurokage était un vieux couple de paysans. Ils étaient très pauvres et avaient dû mal à subvenir à leur besoin.
Un jour, alors que Monsieur Kurokage partait à la rivière pour y puiser de l’eau, il entendit un terrible grondement suivi de pleurs de bébé. Il accourut vers l’origine du bruit et découvrit dans un buisson épineux une toute petite fille blonde aussi fraiche que la rosée et aussi belle que la lune. Le vieil homme recueillit l’enfant et le ramena chez lui afin de le soigner et de le nourrir. L’enfant ne devait pas avoir plus d’un an. Les paysans se résolurent à l’adopter, se jurant de passer une annonce au village le lendemain. Personne n’y répondit. Jamais.

Ils la nommèrent Aika ("amour ?" en japonais) en hommage à ces yeux aux regards tellement mystérieux.

Aika grandit ainsi. Elle connut la faim, la soif, le froid et l’inconfort de la pauvreté. Mais elle connut surtout la joie et le bonheur d’aimer et d’être aimée.

Ces parents réussirent à l’inscrire à l’école dès l’âge de 3 ans et la petite Aika se révéla vite être un petit prodige. Elle excellait en tout. Grâce à ses capacités, on lui fit sauter une classe.
Mais un matin, alors que la classe allait se rendre en récréation. Un petit garçon tout mignon s’approcha d’Aika et lui chuchota à l’oreille en glissant sa main dans la sienne :

"Viens avec moi, je vais te montrer un secret !"

La curiosité naïve de la jeune fille fit qu’elle le suivit. Il l’emmena dans un coin reculé de la cour de récréation et la fit s’asseoir. Il secoua les feuilles d’un buisson, révélant un trou dans l’enclos qui les empêchait de sortir. L’étrange garçon se tourna alors vers elle et lui tendit la main :

"-C’est un passage secret d’espion ! Il mène tout droit dehors !
-Mais on a pas le droit de quitter l’école !, lui répondit la déesse déchue.
-Ne t’inquiète pas ! Je fais ça tout le temps !
-Non ! Je veux pas ! Et puis d’ailleurs t’es qui ?

Le garçon la regarda d’un air exaspéré et posa ses points sur ses hanches.

-Bon... Puisque tu veux savoir je vais te le dire... Mais c’est un secret d’accord ? En fait, j’m’appelle Kyain Wardz et je suis le Héros qui va sauver notre monde !

La jeune fille le regarda un long moment, clouait sur place. Elle cligna des yeux, une fois, deux fois, avant d’exploser de rire :

-Toi un héros ? Je dirais plutôt un Zéro oui !

Il prit un air renfrogné et la tira par la main :

-Tu vas voir si je suis un zéro !

Il l’entraina dans le trou du grillage et lui montra du doigt l’endroit.

-Regarde ! Alors ? Je suis toujours un zéro ?

Il se trouvait dans un magnifique petit jardin, remplit de fleurs, d’arbustes et de nains de jardin. Pour Aika qui n’avait connu que la misère des terres de ses parents, cela lui fit un effet incroyable.

Depuis ce jour, eux deux étaient devenus inséparables.

Aika apprit de lui qu’il était le fils de riches propriétaires mais qu’il les détestait du plus profond de son cœur. Il s’était rebellé et était devenu un petit voleur, plutôt doué.

Trois ans passèrent sans le moindre encombre. Aika et Kyain grandissaient et s’attachaient de plus en plus l’un à l’autre.
Cependant, un soir, un événement bouleversa la vie de l’ancienne déesse.

Ce soir-là, elle quitta l’école pour retourner chez elle. Sur le chemin de sa maison, elle pensa une nouvelle fois à Kyain. Une chose était sûre, elle l’aimait et plus tard elle l’épouserait ! Elle s’en fit la promesse.
Elle rentra dans sa demeure en annonçant haut et fort "Tadaima". Elle n’eut aucune réponse. Inquiète, elle appela ses parents mais à nouveau, le silence. Elle inspecta la cuisine, le salon, la salle de bains et leur chambre mais ne les trouva pas. Pensant qu’ils avaieint dû partir faire des courses ou chercher de l’eau, elle monta dans sa chambre. Elle ouvrit doucement la porte et fut frapper par une odeur pestilentielle, une odeur de mort et de cadavres. Elle entra dans la pièce et les vit. Deux corps, usées par les années, éventrés. Un homme et une femme. Un père et une mère. Son père et sa mère. Horrifiée, elle s’approcha d’eux, les larmes envahissant son visage. Morts. Ils étaient morts. Tués. Assassinés. Elle sentit une présence derrière la porte. Elle se retourna vivement juste à temps pour apercevoir une silhouette encapuchonnée s’enfuir en courant. Elle se releva et partit à sa poursuite. Cependant, la personne avait été trop rapide et elle n’obtint de lui qu’un morceau de tissu arraché par une branche d’arbre.

On la plaça dans la famille de Kyain en attendant de lui trouver un nouveau foyer. Aika ne faisait que pleurer de toute la journée.

Un soir, alors qu’elle venait de finir de manger, elle se rendit dans la chambre de Kyain où elle dormait. Lui n’était pas encore là. Il n’avait pas fini son assiette. Elle s’assit sur son matelas au ras du sol en soupirant. Une masse noire sous le lit du garçon attira son regard. Elle tira le vêtement et l’observa. C’était une combinaison noire qui était déchirée sur la manche. Le cœur d’Aika se mit à battre plus fort. Elle sortit le morceau de tissu de sa poche et le superposa à la manche. Ils s’emboitaient parfaitement. Horrifiée, elle rangea l’habit en vrac sous le lit et s’endormit aussitôt, espérant oublier ce qu’elle avait vu...

» Premier chapitre : "Ce monde est voué à l'échec..."
» Troisième Chapitre : "Tu me le paieras !"